La vérité, c'était que cette nuit là, il pleuvait. Il pleuvait comme il avait rarement plu. les gouttes heurtaient violemment la vitre, comme si elles étaient sur le point de la briser. Le bruit avait ce petit air mélodieux et rassurant. Le genre d'air que l'on aime entendre lorsque nous sommes emmitouflés sous la couette, prêt à nous endormir.
Toutefois, personne dans la chambre s'occupait d'un quelconque bruit provoqué par la pluie. Tout comme personne ne semblait remarquer les trombes d'eau qui déferlaient dehors. Tous les regards étaient dirigés vers un unique point. Un petit être à peine plus gros qu'une pastèque, braillant allègrement dans les bras de sa mère.
La vérité c'était que, en cette nuit du 14 avril 2011, la pluie était loin d'être le cadet de leur soucis.
I...
Le célèbre french kiss ou l'art de draguer à la française...
Il serait préférable, avant d'entrer dans les détails charmants de la vie d'Alysha, de faire un petit point sur les parents. En effet, avant de comprendre le résultat d'une équation, mieux vaut commencer par appréhender les inconnus.
Alysha de Luynes a vu le jour dans une petite bourgade française, pas vraiment connue, où elle y passa sa première année en tant que nouvelle venue sur terre, sans en garder un quelconque souvenir. Elle fut le fruit de l'union de Eilzabeth Taylor, chercheuse anglaise renommée, et Gabriel de Luynes, aurore de son état.
La rencontre de ces deux âmes soeurs pourraient être mise sur le compte d'un pur hasard, si vous croyez aux hasards. Pour les autres, nous pouvons avec certitude affirmer que c'était leur destin.
Do you want some toast ?
Lorsque Elizabeth Taylor vint au monde et apprit, plus tard, ses premiers mots, elle ne se doutait pas que l'été de ses onze ans marquerait le début d'un réel changement dans sa vie. Cette jeune enfant, née d'une famille de moldu, était la troisième d'une portée de cinq. Et lorsque nous avons quatre autres soeurs, il devient rapidement très dur de se faire une place et de se forger une identité. D'une manière générale, les gens retiennent plus facilement les noms des aînés, ou de la petite dernière. Mais lorsque nous sommes la troisième, nous nous voyons attribuer la place ingrate. Celle de l'enfant du milieu, trop petite pour être avec les grandes, trop grande pour jouer avec les petites, et trop au centre pour que les grandes gens se souviennent réellement de nous.
Elizabeth connut donc ce petit complexe pendant une bonne partie de son enfance et développa une attitude plutôt réservée à la maison et, au contraire, très extravertie à l'extérieur.
Pourtant, Elizabeth ne rentrait pas dans cette catégorie d'enfants attachants mais dénués de tout talent. Aussi loin que remontaient ses souvenirs, beaucoup de choses étranges se produisaient lorsqu'elle ressentait une vague d'émotions trop intense. Par exemple, la fois où sa mère n'avait pas eu le temps de faire son costume pour le spectacle de fin d'année, et qu'elle en avait trouvé un superbe au réveil.
Ou encore cette fameuse fois où ses parents l'avaient oubliée dans un chalet et qu'elle avait ouvert une des portes pour se retrouver dans sa cuisine sans comprendre pourquoi. Ce genre de petites choses étonnantes qui se produisaient chaque fois qu'elle était désespérée, stressée ou triste.
Ses soeurs en vinrent même à l'éviter, la trouvant trop étranges pour jouer avec.
Elizabeth ne comprit la signification de ces divers évènements que bien plus tard, lorsqu'elle reçut un parchemin lui indiquant qu'elle avait été acceptée à l'école de sorcellerie Poudlard pour y faire ses études, ainsi que la liste de ses fournitures qu'elle devait se procurer avant la rentrée. Excitée, elle montra la lettre à ses parents qui crurent d'abord à une grosse blague. Mais lorsque leur maison se retrouva assaillie par des dizaines de hiboux, ils furent contraints de reconnaître la vérité. Assez effrayés, ils voulurent épargner leurs autres filles et firent promettre à Elizabeth de ne jamais en parler.
Ce fut donc dans l'anonymat qu'elle entama ses cours à Poudlard.
Les années qu'elle connut là-bas, furent les plus belles de toute sa vie. Il n'y avait personne pour la comparer à ses soeurs, elle avait ses propres amis, sa propre personnalité. Elle y restait pendant les vacances et passait toutes ses grandes vacances chez les parents de sa meilleure amie. Elle devint un petit bijou de serdaigle, très portée sur les études, excellant dans beaucoup de matières et très vive d'esprit. Elle participa à la guerre contre le Mage Noir et fut témoin de son trépas.
Lorsque tout ceci prit fin, elle poursuivit ses études dans l'histoire de la magie. Elle voyageait souvent, allait sur d'anciennes ruines où elle traduisait les runes. Elle savait en déchiffrer une bonne dizaine.
Ce fut lors d'un voyage pour le travail, qu'elle tomba, par hasard, sur Gabriel.
La "french" gastronomie
Gabriel de Luynes connut une tout autre enfance. Pour commencer, il était fils unique et enfant d'une sang pure et d'un sang-mêlé. Monsieur de Luynes était un homme d'affaire. Il travaillait dans l'immobilier et s'occupait surtout des sorts de protection des maisons de sorciers. Il était très prisé par son travail mais trouvait toujours un peu de temps à consacrer à sa famille et son fils qu'il adorait.
Madame de Luynes dirigeait un magasin de mode, qui mélangeait le style sorcier et moldu. La boutique marchait à ravir, en particulier chez les jeunes, et elle avait même ouvert une filiale dans le côté moldu qui connaissait exactement le même succès.
Gabriel vivait à Bruges, une petite ville rattachée à Bordeaux, dans le Sud-Ouest de la France. Il y passa une enfance paisible, près de la plage, évoluant parmi la magie. Il alla au jardin d'enfants pour sorciers et fit son entrée à Beauxbâtons.
Tout comme Elizabeth, il y garda d'excellents souvenirs et se fit beaucoup d'amis.
Dès la sortie de Beauxbâtons, il devint Auror et participa à la guerre contre le Lord.
Il était en vacances lorsqu'il croisa la route d'Elizabeth.
Un mélange de saveurs
Leur rencontre pourrait sembler sortir tout droit d'une de ces comédies romantiques américaines. Un hôtel bondé, des valises par milliers, une second d'inattention et une valise similaire. Tout ces facteurs ont contribué au fait que Elizabeth se retrouva avec la valise de Gabriel, et Grabiel avec celle d'Elizabeth.
L'erreur découverte, ils se virent pour remédier à ce quiproquo, savourèrent ce qu'ils avaient devant les yeux et prirent un verre ensemble.
Des semaines plus tard, après de nombreux rendez-vous, Elizabeth vint s'installer en France. Ils prirent une maison dans un petit village en Charantes Maritimes, perdue en pleine campagne, mais néanmoins proche de l'océan, au cas où.
Quelques années plus tard, après un mariage, naquit Alysha de Luynes, nous ramenant ainsi au début de cette histoire.
II...
Les crocs d'un serpent sont plein de venin...
ou comment la charmante et délicate enfant se transforma en vipère...
Il aurait été tellement plus simple d'arrêter le récit ici, en ajoutant juste quelques lignes sur l'enfance anodine et heureuse d'Alysha. Néanmoins l'histoire aurait été trop facile et les anecdotes inexistantes. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, l'enfance d'Alysha n'a pas été si simple et florissante qu'on pourrait le croire, bien au contraire.
La naissance d'un prénom...
La nuit où Alysha est née, il pleuvait. Il pleuvait des trombes d'eau comme il n'avait pas plu depuis très longtemps. Météorologie plutôt curieuse pour un mois d'avril. D'ordinaire l'hivers fait place au printemps, les arbres bourgeonnes et les coquettes fleurs daignent afficher leurs parures. Toutefois, Avril est capricieux et souvent imprévisible. Aussi, cette nuit de joie, une pluie diluvienne s'abattait rageusement sur cette petite province française.
Le choix du prénom ne fut pas anodin. Les parents hésitèrent beaucoup mais Elizabeth finit par avoir le dernier mot. Elle décida de l'appeler Alysha. En runes anciennes, il signifiait, littéralement parlant, "protégée par la lumière divine". Sa fille bénéficierait ainsi d'une protection encore plus solide que celle qu'ils pouvaient lui apporter. Cela impliquait également qu'elle serait portée par l'espoir, la chance et la joie tout au long de sa vie. Ainsi née, Aly avait déjà une destinée toute tracée. Elle ne risquait rien étant protégée par des divinités anciennes.
Gabriel eut néanmoins son mot à dire dans cette histoire. Bien qu'il acceptât tout à fait le nom de sa fille, il imposa tout de même à sa femme le nom de son arrière-grand mère paternelle en second prénom. Selon ses dires, Kate Peterson était une sorcière anglaise de renom qui épousa son arrière-grand père français, lui-même moldu, malgré la désapprobation de la famille Peterson. Kate s'enfuit avec son amour pour consommer pleinement son mariage et ne les revit jamais. Cette histoire romanesque à l'eau de rose a toujours eu le don de faire rêver Gabriel qui voyait en cette union le symbole de la liberté ainsi que celui de l'égalité entre moldus et sorciers. Aussi, il avait toujours désiré appelé sa fille par le prénom de cette arrière grand-mère si célèbre qui avait tout eu pour elle avant de décider de tout plaquer par amour.
Alysha devint donc Alysha Kate de Luynes, protégée des divinités ancestrales et personnification indirecte d'une histoire de famille lourde et riche en symboles. Ils désiraient, par ces noms, la combler de bonheur tout en lui laissant la possibilité de choisir elle-même la route qu'elle désirait se tracer.
Mais bien que ceci parût plein de bons sentiments au départ, cela ne resta qu'une idée qui finit par s'estomper peu à peu.
Où l'on apprend un peu plus sur une enfance solitaire...
Alysha passa la première année de sa vie en France, dans un petit village dans les Charantes Maritimes dont le nom ne sera pas retranscrit, étant aussi futile qu'insignifiant. Elle n'en garde, bien évidemment, aucun souvenir, mais ceux qui l'entourèrent en parlent encore comme une période paisible, douce et paradisiaque.
Toutefois, l'Angleterre finit par beaucoup manquer à Elizabeth et après maintes discussions, il fut convenu que la famille irait s'installer dans la banlieue de Londres. Le père de Gabriel lui dégota une petite maison tranquille, au milieu d'une banlieue résidentielle, où il installa les plus puissants sorts de protection possibles. Ainsi Alysha pourrait vagabonder en toute liberté dans le jardin sans risquer d'effrayer les moldus.
Pourtant, l'arrivée en Angleterre marqua la fin de leur petit cocon. Elizabeth reprit son travail et était souvent obligée de s'absenter. Gabriel partait régulièrement en mission et voyait également très peu sa fille. Les parents de ce dernier, conscient du travail très prisé des conjoints, se relayèrent pour la garder. Ils transplanaient directement dans le sous-sol et s'amusaient avec leur petite fille avant de repartir lorsque l'un des deux parents rentrait.
Alysha connut plus l'amour de ses grand-parents que celui de ses parents.
Et la situation ne finit pas par s'améliorer, au contraire. Alysha passait ses vacances en France et sa scolarité en Angleterre. Ses grand-parents essayaient de venir le plus souvent la voir mais lorsqu'elle grandit, Alysha développa une maturité très spécifique aux enfants grandissants seuls. Elle apprit à se débrouiller toute seule et finit par convaincre ses grand-parents qu'elle pouvait parfaitement se gérer elle-même. De plus, elle les adorait et les sentait fatigués de ces voyages quasi quotidiens.
Arrivée à sept ans, elle était bien plus autonome que les enfants du quartier.
Inutile de préciser que ses parents lui manquaient énormément. Elle apprit, au début, à gérer la situation avec cynisme, usant de railleries pour prouver qu'elle se fichait de cette situation.Puis elle se rendit compte que se montrer gentille et attentionnée lui ouvrait plus de possibilités que d'être odieuse, aussi elle devint maîtresse dans l'art de cacher ses réels sentiments. Cette caractéristique lui permit d'être beaucoup plus libre de ses mouvements. Pourtant malgré ce qu'elle disait, Alysha se sentait très seule. Sa nature de sorcière l'empêchait d'entretenir des rapports amicaux avec les autres enfants du quartiers et ses parents, trop pris dans leur travail, avaient rarement des invités à la maison.
La situation aurait pu prendre une tournure vraiment catastrophique si elle n'avait pas reçu sa lettre d'admission à Poudlard.
Poudlard
Lorsqu'elle reçut sa lettre, Alysha faillit sauter de joie. Elle appela sa grand-mère qui l'accompagna pour acheter ses fournitures. Madame de Luynes dut se montrer très inflexible pour ne pas céder aux caprices de sa petite fille qui désirait à tout prix posséder tout ce qu'elle voyait (précisons que madame de Luynes contribua fortement au côté superficiel et matérialiste de sa petite fille étant donné qu'elle l'emmenait souvent au magasin avec elle).
Alysha rentra donc chez elle les bras chargés de fournitures en tout genre ainsi qu'une belle chouette-pêcheuse de Pel (qu'elle appela Pel), espèce très rare qui lui coûta bonbon mais qui représentait également un cadeau d'entrée.
Poudlard devint son second foyer. Elle y entra en fille solitaire et égoïste et en ressortit tout aussi égoïste mais entourée. Elle s'entoura d'amis, ne se gêna pas pour violer le règlement dès qu'elle le pouvait (mais toujours avec discrétion) tout en récoltant très peu de punitions. Elle se montrait assidue en cours envers les matières qui l'intéressaient et délaissait volontairement celles qu'elle aimait le moins comme le démontra les résultats de ses BUSEs.
Elle évitait de rentrer chez elle pendant les vacances. Alysha redoutait la maison vide qui allait l'accueillir et préférait largement l'ambiance de Poudlard pendant les périodes de fêtes. De plus le château devenait très calme ce qui lui permettait d'y vagabonder à son aise. Elle partagea aussi ses grandes vacances entre chez elle, ses grand-parents et ses amis, heureuse de ne plus être enfin cette fille solitaire qui avait réussi à se développer malgré l'absence de ses parents.
Et ceux-ci, bien qu'ils ne lui aient jamais avoué, restent très fière d'elle. Qui sait, peut-être que l'avenir finira par lui ramener ses parents ?